Jean-paul Alonso (né en 1953)

Bibliographie ; Biographie ; Prestations ; Contact ; Autres travaux : Anneaux-disques européens du Néolithique ; Gestion de Projets intelligents ; Balise téléphone ; Poésie ; Peinture ; Inventions

mardi, février 08, 2011

Moteur & Balise-téléphone TBS

Doué d'un talent d'invention dans plusieurs domaines, Jean-Paul Alonso ne cesse de créer depuis sa tendre enfance. Le moteur ci-dessus inventé et dessiné par lui-même est une pré-étude (pour une enveloppe soleau).
Ci-dessous l'invention d'une balise-téléphone déposée à l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), une invention également hors mission professionnelle de la Snecma.


Anneaux-disques européens du Néolithique - Dodécaèdre






Résumé : Cet article présente des arguments scientifiques et historiques pour montrer que certains anneaux-disques européens du Néolithique ont servi à un usage astronomique. Un répertoire spécial de ces objets est nécessaire pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.



Abstract : This paper sets out scientific and historical arguments in order to suggest the possibility that some European “ring-discs”, dating from the Neolithic period, have been used for astronomical observations. A precise list of these objects could confirm or invalidate that hypotsociété d'archéologiehesis.



Mon retour à l’archéo-astronomie vient d’une exposition : celle du Tourp de la Hague, proche de Cherbourg, consacrée cette année à Nos ancêtres les hommes. Dès que j’ai vu « l’anneau disque du Calenfrier » trouvé à Auderville en 1820, j’ai aussitôt pensé à l’anneau-disque chinois, le pî, daté de ~1000 av. J-C et au hüan-chi de ~500 av. J-C présentés par Henri Michel comme étant des instruments astronomiques. J’ai fait un communiqué au Tourp et à la presse cherbourgeoise qui a publié un article en août (Coquelin, 2010). Pourquoi ? De 1997 à 2003, j’ai réalisé en amateur des recherches en archéo-astronomie pour plusieurs civilisations anciennes (Alonso, 2003). Mais je n’ai rien trouvé en Europe qui atteste formellement une connaissance astronomique chez nos ancêtres de la préhistoire. Les sites préhistoriques de Carnac et de Stonehenge et le disque de Nébra trouvé en Allemagne, ont fait l’objet d’études sans apporter la preuve formelle d’une connaissance astronomique en Europe de l’ouest. La raison principale qui peut justifier cette lacune est que nos ancêtres européens ne pratiquaient pas l’écriture, contrairement à la plupart des grandes civilisations anciennes qui nous ont laissé leur corpus de connaissances générales : Mésopotamie, Inde, Egypte, Chine. Pourtant, Jules César qui arrive en Gaule en 57 av. J-C nous apprend dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules, (liv. VI, chap. XIV) que les druides étudiaient le mouvement des astres et transmettaient leur savoir oralement en vers, alors que les Gaulois de cette époque écrivaient leur langue en utilisant l’alphabet grec principalement pour les actes publics.



L’anneau-disque du Calenfrier : J’avais bien lu pendant mes recherches que des os longs avec des stries régulières alignées datant de la préhistoire ressemblaient aux calendriers des peuples sibériens récents et déduit que les anneaux-disques en jadéite trouvés en France, pourraient être des cadrans stellaires comme le pî chinois. Mais je n’ai pas en 1997 recherché plus de documentation sur le sujet et je n’avais jamais vu de mes yeux de tels anneaux. La directrice du centre du Tourp m’a ouvert la documentation sur « l’anneau-disque du Calenfrier », d’un diamètre extérieur de 13 cm, intérieur de 7 cm et d’une épaisseur maximale de 8 mm, et présenté comme étant un bracelet du néolithique dans l’exposition. J’ai lu (de Marcigny et al., 2006) que cet anneau a été découvert sur une hauteur surplombant la mer, « peu propice à une installation domestique ». Je rappelle que les observations astronomiques, de tout temps, ont été faites sur des éminences. De plus, la matière plutôt noble de cet anneau, de la serpentine, une « roche métamorphique tendre d’aspect irisé, pouvant provenir de la Bretagne ou des Alpes », milite en faveur d’un instrument sacré, comme les deux anneaux astronomiques chinois précédents qui sont en jade. J’ai appris depuis peu qu’il existe de nombreux anneaux-disques européens en jade. J’ai lu également le fameux article : Contribution à l’étude de la signification des disques perforés (Curtet, 1944), qui fait le rapprochement des anneaux-disques européens et chinois, mais qui semble ne pas avoir eu de suite. Je me propose de vous apporter des précisions techniques pour relancer cette hypothèse.



Quel est l’aspect idéal d’un anneau-disque astronomique ? La matière de ces objets sacrés est noble, exemple : serpentine, schiste et jade. Curtet (1944) écrit : « Du point de vue de sa forme, le pî comporte à son centre un évidement circulaire deux fois plus petit que la partie solide. Si cette dernière égale l'espace ajouré nous sommes en présence d'un « houan ». On l'appelle « yuan » lorsqu'au contraire le diamètre du cercle intérieur est double de la couronne solide. » Ce qui signifie d’après la note 1, que le rapport entre le diamètre extérieur et le diamètre intérieur du pî, du houan et du yuan est respectivement de 5, 3 et 2. Je constate que les proportions de l’anneau-disque du Calenfrier sont proches de celles du yuan et non du pî ; mais nous ne sommes pas à l’heure des conclusions, loin s’en faut. Si la tradition des anneaux-disques européens vient d’Asie, comme le suggère Curtet (1944), la preuve doit s’établir aisément. Si la tradition des Européens est différente de celle des Chinois, d’autres règles similaires peuvent apparaître, et les possibilités sont multiples. « L'un des disques du Dr Gieseler est constitué par quatre quartiers de jade gris-vert. Son diamètre atteint 0m31 » (Curtet, 1944). Le diamètre externe du disque qui sert de gabarit astronomique de position, peut être environ de 130 à 300 mm. Le diamètre interne qui définit la fenêtre d’observation du pôle céleste est variable, comme nous venons de l’expliquer. Les formes externe et interne sont concentriques, sauf exception. La forme externe ovoïde, rectangulaire ou triangulaire (Jeunesse, 1995) n’exclut pas l’usage astronomique parce qu’elle peut permettre de positionner des étoiles principales qui n’occupent pas un cercle autour du pôle. De plus, les étoiles repères choisies peuvent très bien varier selon les cultures. Je rappelle que des anneaux ovales ont été trouvés principalement dans l’est de la France (Jeunesse, 1995).


Gabarit astronomique ou parure ? La relation entre l’objet sacré et la parure était étroite chez les Anciens qui baignaient dans un paradigme de croyance. L’objet sacré a très bien pu prendre une connotation magique chez le profane qui l’a utilisé ensuite comme amulette et porte-bonheur ; c’est-à-dire une parure à nos yeux. L’idée d’utiliser en parure des objets sacrés, comme le précisent certains auteurs, n’est donc pas exclue (Curtet, 1944 & Cordier, 1950). La ronde des étoiles et l’anneau-disque peuvent être l’ancêtre symbolique de plusieurs parures comme le bracelet, l’anneau, la couronne. Il faut exclure de notre sélection à usage astronomique les petits disques comme la série de 249 disques ou perles discoïdes en coquillage de Lamérac en Charente, et de 3288 disques à Germignac en Charente-Maritime, d’un diamètre extérieur qui ne dépasse pas 1 cm, et présentés à juste titre comme des éléments de parure (Laporte L., Gomez de Soto J., 2001). L’hypothèse d’armes de jet a été également émise et asociété d'archéologiebandonnée (Curtet, 1944). Les archéologues m'opposent l'argument qu'il existe trop d'anneaux-disques dans les tombes pour qu'ils aient servi d'instrument. Et si les anneaux placés dans les tombes avaient eu pour fonction de permettre aux défunts de retrouver le nord pour rejoindre leurs ancêtres ?

Quels sites privilégient les anneaux-disques astronomiques ? Ce sont de préférence des tombes de personnages importants situées sur une éminence, avec la présence d’un ou deux anneaux-disques. L’usage très spécial et rare du gabarit ne milite pas en faveur de la présence d’une grande quantité d’anneaux-disques sur un même site, sauf s’il s’agit d’un lieu de fabrication. Les six anneaux trouvés au bras d’un squelette peuvent correspondre à un rituel funéraire plus qu’à une parure. Un prêtre pouvait également conserver des anneaux de rechange, qui ont été ajoutés à sa dépouille avant l’inhumation. La découverte d’anneaux sous la tête et les pieds du défunt (Cordier, 1950) est intéressante, puisqu’elle suit l’axe vertical du corps humain et renvoie à l’axe des pôles et à la position de l’anneau-disque au-dessus de la tête du prêtre pendant son utilisation.

Comment était utilisé l’anneau astronomique chinois ? Quelques précisions avant de poursuivre : l’éloignement considérable des étoiles par rapport à la terre - quatre années de lumière pour la plus proche - fait que les positions apparentes des étoiles polaires ne varient pas avec la position géographique ou la latitude de l’observateur. Celui qui voyage sur un même méridien en modifiant sa latitude vers le sud voit apparaître de nouvelles étoiles sur l’horizon. Quand il dépasse l’équateur, il découvre les constellations du pôle sud et perd de vue celles qui sont situées au nord. La terre possède trois mouvements principaux : la rotation de 24 heures qui entraîne la voûte céleste diurne et nocturne, la révolution en un an qui modifie la hauteur (déclinaison) de tous les astres au cours de l’année, et la précession en 26000 ans que nous allons expliquer. Il y a quelques milliers d’années l’étoile polaire actuelle ne coïncidait pas avec le pôle céleste. Effectivement, nous savons que la terre est inclinée sur son axe. Cette inclinaison est vérifiable avec des moyens empiriques, en mesurant la différence de hauteur d’une étoile ou du soleil au cours des saisons. Elle est due au fait que la terre n’est pas une sphère parfaite, elle est légèrement aplatie aux pôles et le soleil et la lune exercent un torseur, qui incline son axe de rotation. La mécanique céleste du système solaire fait que cet axe possède un mouvement nommé « précessionnel », et qu’il décrit un cône en 26000 ans environ. Il en résulte que le ciel nocturne des Anciens n’était pas le même que le nôtre, et qu’une étoile brillante n’occupait pas toujours le nord comme de nos jours. En 2000 av. J.C. l’étoile polaire actuelle était éloignée de 22 degrés du pôle céleste et en 4000 av. J.C. de 32 degrés. Cette étoile qui coïncide presque avec le Pôle de nos jours (déclinaison de 89 degrés 23 minutes pour 90 degrés) va s’en écarter et coïncidera à nouveau avec lui en l’an 27 910 (déclinaison de 89 degrés 49 minutes). Les autres étoiles suivent le même mouvement. Pour localiser le pôle céleste, les anciens Chinois se servaient du pî, un anneau-disque, qu’ils tenaient à bout de bras et autour duquel ils plaçaient les étoiles qui entouraient le pôle céleste. L’intérieur de l’anneau formait une fenêtre d’observation du pôle. Le hüan-chi qui était un pî échancré sur le bord extérieur devait permettre des fonctions calendaires, et la lecture de l’heure de la nuit comme le précise Henri Michel (1980). Cet instrument est l’ancêtre du nocturlabe de notre Moyen âge, qui permettait de lire l’heure nocturne en visant l’étoile polaire et en faisant pivoter une règle.

Pourquoi les Anciens s’intéressaient-ils au pôle céleste ? Les marins connaissent depuis toujours cette horloge naturelle que forment les étoiles autour du pôle céleste, et leur utilité pour localiser le nord. De plus, l’intérêt religieux pour le ciel dans les anciennes civilisations est universel, parce qu’elles croyaient que les phénomènes célestes influençaient le destin des royaumes terrestres (Chine, Inde, Mésopotamie, Mayas). L’astronomie et les mathématiques sont d’abord développées à des fins astrologiques notamment en Inde et en Mésopotamie. « Le Chinois n'a créé ni mythologie ni religion. Sa pensée a pris la forme d'une philosophie d'origine astronomique. L'Etoile Polaire gouverne le Ciel ; l'Empereur, fils du Ciel, gouverne la Terre par délégation. Il a une fonction astronomique ». (D’Ardenne de Tizac cité par Curtet, 1944). « L’empereur est le correspondant du dieu Chang-Ti, dont la résidence est au pôle céleste. » (Michel, 1980). Les prêtres chinois qui observaient le ciel toutes les nuits ont noté très tôt le passage de comètes, les apparitions de supernovae et d’autres phénomènes. Ils nous ont laissé la plus ancienne anthologie cométaire sur soie (Hoyle, 1963). Ainsi, on sait qu’en Chine les prêtres astrologues observaient chaque nuit depuis la plus haute antiquité le ciel et plus particulièrement le « pivot du ciel » pour déceler les anomalies célestes (comètes, étoiles filantes, supernovae, etc.) qui s’y déroulaient. Des rituels magiques permettaient de déjouer les mauvais présages annoncés pour le royaume. Plus proche de nous, dans la religion romaine avant 509 av. J.C. nous trouvons une démarche observationnelle diurne assez voisine : le « templum » désigne à l’origine la partie du ciel délimitée par le prêtre-devin avec sa baguette, c’est-à-dire la zone d’observation dans laquelle ce dernier relève le passage des oiseaux. (Voisin, 1981).

Quelles étoiles repères retenir pour localiser le pôle céleste ? Les nuits des Anciens étaient beaucoup plus claires que les nôtres et leur vue bien meilleure. En dehors de la modification de la position des étoiles, qui résulte de la précession, le ciel nocturne a peu changé durant les derniers millénaires. Nous sommes par conséquent capables avec l’informatique de simuler avec exactitude le mouvement des étoiles. Nous savons que la terre tourne, mais tous les Anciens pensaient qu’elle était immobile et que c’était une sphère céleste qui tournait sur un axe et tout observateur attentif constate depuis toujours la ronde des étoiles autour des pôles. Avant tout usage d’instrument, les Anciens avaient repéré ce mouvement apparent des étoiles, ce qui leur donnait aussi le sentiment d’occuper le centre de la terre qu’ils considéraient comme étant plate et immobile. Ce mouvement circulaire a frappé et stimulé leur imaginaire philosophique, mais pas seulement. Des mouvements des étoiles principales, ils pouvaient déduire le nord et les autres points cardinaux, la période ou l’heure de la nuit, l’inclinaison de l’axe du monde, etc. ; mais nous ne rentrerons pas dans ces détails techniques. Vers 7000 ans av. J.C. six constellations circumpolaires formaient une couronne entre 15 et 20 degrés en dessous du pôle. Il suffisait de placer certaines de ces étoiles autour de la circonférence du disque pour localiser le pôle. Vers 5000 av. J.C., Véga, Arcturus et Dubhe qui sont très brillantes (0, 0 et 1,8 de magnitude) étaient situées respectivement à 51, 53 et 59 degrés de déclinaison (le pôle est à 90 degrés) et formaient presque un triangle équilatéral entre elles. Mais ces étoiles étaient trop éloignées du pôle pour coïncider avec le bord extérieur d’un anneau-disque tenu à bout de bras. La distance raisonnable des étoiles repères du pôle doit être proche de 15 degrés. Par contre, elles pouvaient très bien servir de repères pour centrer le gabarit sur le pôle, comme nous allons le voir. La forme circulaire a probablement été privilégiée pour des raisons esthétiques et de croyance. Mais si la configuration stellaire circulaire d’étoiles très brillantes ne se présentait pas, le prêtre pouvait rechercher des étoiles moins brillantes qui affleuraient la couronne extérieure. Nous pouvons donc envisager des instruments d’une forme circulaire ou ovale. Et il y a plusieurs configurations d’étoiles possibles pour localiser le pôle.

Exercice pratique de la localisation du pôle avec un anneau-disque en carton : Découpez un anneau-disque dans un morceau de carton d’un diamètre extérieur de 300 mm ; diamètre intérieur de 60 mm (le pî). Maintenant oubliez la présence de l’étoile polaire. Nous allons nous servir des étoiles des constellations de la Grande Ourse, de Cassiopée et de la tête du Dragon qui se trouvent approximativement sur un même cercle à 30 degrés en dessous du pôle. Par une nuit claire, recherchez la Grande Ourse en forme d’une grande casserole et à son opposé le W de Cassiopée. Le pôle se trouve entre ces deux constellations. En tenant le disque à bout de bras devant votre œil, placez-le entre le W et la casserole. Vous verrez les deux étoiles les plus brillantes de la tête du dragon à peu près sur la même circonférence que le W et la casserole et à mi-distance d’elles. Observez maintenant à l’intérieur de la fenêtre de l’anneau, si une étoile filante passe à l’intérieur …. Vous venez de répéter les gestes d’un prêtre-devin chinois, ou qui sait, d’un chaman de la préhistoire de l’Europe de l’ouest, qui scrutait l’endroit le plus énigmatique du ciel.

Quelle orientation donner à la recherche ? Cordier en 1950 rappelait les propos de l’abbé Philippe de 1926 : « … la véritable destination de ces objets (anneaux-disques) ne pourra être précisée que par la connaissance exacte des circonstances de leur découverte, qui permettrait à un observateur qualifié d’en tirer toutes les déductions ethnographiques et chronologiques qu’elle entraîne. » Il est indispensable pour faire progresser la recherche, d’avoir un répertoire des anneaux-disques de grande taille avec leurs dimensions, matière, lieu et latitude, documents environnants, datation du site, sans oublier les anneaux-disques isolés comme celui de la Hague, et les cites de production comme celui de Säckingen dans la vallée du Rhin (Gallay, 1970 cité par Jeunesse 1995). La taille du diamètre intérieur et extérieur de certains anneaux peut être en relation avec l’inclinaison du pôle céleste ou la latitude géographique, d’où l’intérêt d’avoir la latitude des sites de découverte. L’autre amélioration technique envisageable au cours des millénaires de tels gabarits astronomiques est l’ajout de marques (gravures, échancrures) sur leur circonférence externe qui indiqueraient les positions des étoiles-repères ou autres indications astronomiques. Ce marquage pourrait peut-être, dans certains cas, nous permettre d’identifier plus facilement ces étoiles, de dater leurs positions et de les comparer à la datation carbone du site. Tous les anneaux-disques préhistoriques dits « irréguliers » ou présentant des singularités ne sont pas à négliger. Jeunesse (1995) a réuni plusieurs informations sur les anneaux-disques irréguliers pour le Rhin côté français, mais trop imprécises pour en tirer des conclusions. N’étant pas archéologue, je ne connais pas tous les travaux parus sur ce sujet. Je lance ici un appel aux professionnels et aux musées, pour réaliser ce répertoire ou me communiquer les informations qui me permettraient de le réaliser. Si l’on apportait la preuve d’un usage astronomique des anneaux-disques européens, voire d’une transmission de culture entre l’Asie et l’Europe, nous ferions un grand pas dans la connaissance de nos ancêtres du Néolithique, qui pourrait ouvrir la marche vers d’autres découvertes toujours autant passionnantes.

NOTE : (1) Cette description aboutit aux rapports algébriques suivants, avec « b » pour le diamètre extérieur et « a » pour le diamètre intérieur d’un anneau-disque :
Pour le pî : b – a = 4 x a ; b = 4 x a + a ; b = 5 x a ; b : a = 5
Pour le Houan : b – a = 2 x a ; b = 2 x a + a ; b = 3 x a ; b : a = 3
Pour le yuan : b – a = a ; b = a + a ; b = 2 x a ; b : a = 2

Références photographiques : (photos présentées en ordre inverse ci-dessous)
Figure 1 : Anneau-disque du Calenfrier exposé au Tourp de la Hague en 2010, photo extraite de Baligan : les collections préhistoriques et gallo-romaines du Muséum Emmanuel Liais. Première partie : « des derniers chasseurs-cueilleurs à la conquête romaine », Cyril Marcigny (dir.), Emmanuel Ghesquière et Laurent Juhel. Collection muséum Emmanuel Liais, tome II. Editions Ville de Cherbourg-Octeville, collection unica. 2006. n° ISBN : 2-900-481-25-2.
Figure 2 : Détail de la sépulture de Saint-Pierre-d’Autils tiré d’une illustration de l’article de Bruno Aubry et de David Honoré, Annales du Muséum du Havre n° 77, Éditions du Muséum d’histoire naturelle du Havre 0215, Sous la direction de Cyril Marcigny, Emmanuel Ghesquière, Muséum d’histoire naturelle du Havre, 1er novembre 2007.
Figure 3 : Colliers et bracelets de Germignac exposés au Musée de Royan en 2011, photo JP Alonso.
Figure 4 : Pî chinois, Les instruments des sciences, Henri Michel, éd. Albert de Visscher, 1980.
Figure 5 : Localisation du pôle nord avec un anneau-disque en carton, photo JP Alonso.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
ALONSO JP. (2003) - Astronomie & Civilisation, opuscule imprimé pour une conférence sur l’astronomie ancienne
CESAR J. (52) - Commentaires sur la guerre des Gaules, traduction de Rat Maurice, Garnier-Flammarion, 1964, liv. VI, chap. XIV
COQUELIN P. (28-08-2010) - L’emballement d’un touriste pour un bracelet, article dans La presse de la Manche, Cherbourg-Octeville
CORDIER G. (1950) - Anneau-disque de Sublaines (Indre-et-Loire), B.S.F.P., t.XLVII, p. 542-550
CURTET A. (1944) - Contribution à l’étude de la signification des disques perforés, B.S.P.F., t.XVI p 178 à 184
HAMBIS L. (1968) - les « anneaux-disques » leurs répartitions depuis la Chine jusqu’en Europe, comptes-rendus de l’Académie des Inscriptions et des belles-lettres, 112ème année, N.2, p.182-192
HOYLE F. (1963) - L’astronomie, éd. Du Pont Royal
JEUNESSE C. (1995) - Les Cahiers Alsaciens d’Archéologie d’Art et d’Histoire, t.XXVII
LAPORTE L., GOMEZ DE SOTO J. (2001) - Germignac et Lamérac : Perles discoïdes et anneaux-disques dans le centre ouest de la France, revue archéologique Ouest, t.18, p. 13-26
MICHEL H. (1980) - Les instruments des sciences, Albert de Visscher, Belgique, fig. 45-46, p. 123
MARCIGNY C., GHESQUIERE E., JUHEL L. (2006) - Baligan : les collections préhistoriques et gallo-romaines du Muséum Emmanuel Liais, Ville de Cherbourg-Octeville, t.II, p. 34-35
VOISIN JL. (1981) - Dictionnaire de l’Antiquité (sous la direction de), col. Bouquins, Robert Laffont. p.967

Saintes le 4 novembre 2010


PS : Un résumé de cet article est paru dans La revue de la Manche en décembre 2011 sous le tire "L'anneau disque
du Calenfrier est-il un instrument astronomique ou un bijou ?"

Jean-paul ALONSO
Archéologue astronome amateur
10, rue Aliénor d'Aquitaine
17100 Saintes
tél : 06 27 07 28 39
alonso.jean-paul@laposte.fr (hotmail hors d'usage)

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Dodécaèdre

Résumé : Cet article donne une explication aux dodécaèdres. Il a été envoyé en juillet 2019 au journal Sudouest et à la Société d'archéologie et d'histoire (SAHCM) de Saintes.

Article : Samedi 20 juillet 2019 à Saintes, sur le stand astronomique des fêtes romaines (anniversaire du cinquantenaire de l'homme sur la lune !), j'ai été intrigué par un objet, qui n'avait pas encore trouvé d'explication sérieuse, selon le responsable du stand ci-dessous, qui tient l'objet dans sa main sur la 2ème photo.

Je travaille pour mes loisirs sur l'archéoastronomie, et suis l'auteur de nombreuses recherches et du livre Astronomie et Civilisation, qui retrace l'histoire de l'astronomie dans toutes les civilisations, avec une approche pluridisciplinaire. En voyant pour la première fois le dodécaèdre sur le stand, j'ai aussitôt pensé à un usage astronomique et cultuel comparable à celui des anneaux-disques du Néolithique européen ou chinois. L'usage astronomique de cet objet a déjà été avancé1 parmi d'autres idées très différentes (voir ci-dessous), d'où sa présence sur ce stand. Le lendemain au réveil (le 21/07/2019 50è anniversaire), l'idée m'est venue qu'il représentait un modèle d'univers de type pythagoricien ou platonicien, puisque l'Allemand Johannes Képler (1571-1630) « est le dernier savant néo-pythagoricien (...) qui cherche un modèle d'univers constitué de polyèdres exposé en 1597 dans son Mysterium Cosmographicum. » (Astronomie et Civilisation), que j'ai représenté dans Astronomie et Civilisation (à gauche de la planche). Notons que Képler ne suit pas la description de Platon2 (~428 ~348 av. J.-C.) puisqu'il représente les 6 planètes connues du système solaire à son époque, selon le système héliocentrique et non le système géocentrique platonicien, le tout étant inclut dans la sphère des étoiles fixes. De plus, Platon associe les polyèdres aux éléments constitutifs de l'univers et non aux planètes, le dodécaèdre, qui englobe tout les éléments, pouvant être assimilé à l'univers.

J'apporte ici des idées qui renforcent l'hypothèse d'un objet à usage astronomique et cultuel en reprenant d'une part les propos que je tiens au sujet des anneaux-disques européens, et d'autre part la théorie de l'univers exposée par Platon dans le Timée3. Platon définit 5 polyèdres réguliers en fonction de leur face sans les nommer, et il les associe chacun à un élément. Le triangle pour le tétraèdre (4 faces) et le feu, le carré pour le cube (6 faces) et la terre, l’octaèdre (8 faces) et l'air, et l’icosaèdre (20 faces) et l'eau. Et enfin le pentagones pour le dodécaèdre (12 faces). Platon dit au sujet de ce cinquième polyèdre régulier, après avoir présenté les 4 premiers : « Il restait encore une combinaison, la cinquième ; c'est à l'Univers que le Dieu en fît l'application, pour en dessiner l'épure. » (55-c et 56-b) Aristote a associé au dodécaèdre un cinquième élément l'« éther » qui constitue l'univers. Voilà pour la première hypothèse qui relie le dodécaèdre symboliquement à la notion d'univers.

Le deuxième rapprochement plus inédit, est que le dodécaèdre était un instrument d'observation astronomique, comme l'était assurément le hüan-chi chinois, et très probablement l'anneau-disque européen, comme je l'ai proposé dans La revue de la Manche en décembre 2011, et plus en détail dans une réédition d'Astronomie et Civilisation en 2015. C'est en 2010, dans le département de la Manche, que j'ai découvert « l’anneau disque du Calenfrier » dans l’exposition du Tourp de la Hague vers Cherbourg-Octeville, qui était présenté comme étant un bracelet du néolithique (diamètre extérieur de 13 cm, intérieur de 7 cm), j’ai aussitôt pensé aux anneaux astronomiques chinois antiques (Astronomie et Civilisation , 2003) , et j'ai entrepris des recherches. Ma surprise est que cette hypothèse avait été déjà avancée, sans avoir été retenue. J'écris : « En 1944, A. Curtet rappelait la ressemblance des anneaux européens et des anneaux chinois, en présentant le pî, le houan et le yuan4. »

Je rappelle dans Astronomie et Civilisation certaines connaissances astronomiques utiles pour comprendre la démarche : «  Nous savons que la Terre tourne sur son axe, mais tous les Anciens pensaient qu'elle était fixe (géocentrisme), et qu'une sphère céleste tournait sur l'axe du monde autour de la Terre. Cette vision repose sur le sentiment qu'a tout observateur du ciel, d’occuper le centre de l’univers. Effectivement, le mouvement apparent de l’axe des pôles célestes entraîne les étoiles qui ne se couchent pas sous l'horizon (étoiles circumpolaires) comme les aiguilles d’une horloge autour du pôle céleste. Les voyageurs connaissent depuis toujours ce phénomène qui leur sert pour localiser le Nord. D'où l'idée chez les Anciens peuples, qu'un empire céleste occupait la zone du pôle céleste (macrocosme), qui gouvernait le monde d'en bas (microcosme). » Un autre point explique pourquoi une étoile (polaire) n'a pas toujours voisinée avec le pôle céleste : «  Il faut savoir que la Terre possède trois mouvements principaux : la rotation sur elle-même en 24 heures, la révolution autour du Soleil en 365,24 jours, la précession des équinoxes. Cette dernière se traduit par l'avance du Soleil sur l'écliptique (les constellations) de 50'' d'arc - 1/72 de degré - à chaque printemps. Elle est due au fait que la terre est aplatie d'environ 10 km à chaque pôle et que le Soleil, la Lune et les planètes exercent des forces (torseur) qui font décrire à l’axe terrestre – qui se confond à l'axe du monde - un cône en près de 26000 ans. Ce mouvement, appelé encore année précessionnelle, fait que les saisons seraient inversées tous les 13000 ans, s'il n'était pas corrigé dans le calendrier. Le croquis ci-dessous montre ce déplacement conique, une étoile ne coïncide pas toujours avec l'axe du pôle céleste. 

L’Étoile polaire - Alpha de la constellation de la Petite Ourse - ne coïncide pas toujours avec le pôle nord céleste. En 2000 av. J.-C., elle était éloignée de 22 degrés du pôle, et de 32 degrés en 4000 av. J.-C. Elle coïncidera à nouveau avec lui en l’an 27 910. » Les Anciens ont donc cherché d'autres moyens pour localiser ce pôle magique : « Quand aucune étoile n'indique le nord, il suffit de choisir certaines étoiles appropriées et de les placer autour d’un anneau perforé pour le localiser. » Mais l'interdisciplinarité est mal vu. «  Certains archéologues m’opposent que les anneaux européens et les anneaux asiatiques appartiennent à des époques trop différentes. Mais pourquoi les hommes d'époques différentes n'auraient-ils pas suivi le même raisonnement ? Ils m’opposent aussi qu’on a retrouvé beaucoup trop d’anneaux-disques placés dans les tombes européennes pour qu’ils aient un usage astronomique. Pourtant, l’idée d’utiliser en parure des instruments sacrés n’est pas exclue (Curtet 1944, Cordier 1950). Et on peut imaginer que les anneaux-disques étaient placés dans les tombes au bras des défunts pour des raisons religieuses afin qu'ils retrouvent l'Empire céleste. Les pyramides égyptiennes étaient orientées vers le Nord à cette fin, et peut-être aussi les pyramides précolombiennes.» 

Revenons au dodécaèdre.
En plus de deux siècles, les archéologues ont trouvé environ 118 dodécaèdres en bronze évidés, qui se ressemblent sans être parfaitement identiques. Les découvertes sont éparpillées sur une importante zone géographique européenne. Le mobilier archéologique trouvé avec certains de ces dodécaèdres est daté entre 100 à 300 après J.-C. Ces dodécaèdres ont tous leurs arêtes surmontées de petites boules qui font penser aux étoiles fixes emprisonnées dans la sphère tournante chez les Anciens. L'évidement circulaire des faces du dodécaèdre ressemble à la fenêtre d'observation des anneaux-disques astronomiques. L'évidement renvoie aussi à l'idée de matrice (féminine?) dans laquelle l'univers s'est construit. Le dodécaèdre est un polyèdre régulier proche d'une sphère, qui possède 12 faces en forme de pentagone, 20 sommets et 30 arêtes. Ses propriétés géométriques ont évidemment séduit les Anciens comme Platon et même encore Képler au XVIe siècle, bien avant la découverte des lois de la cinématique qui l'ont rendu célèbre, qui définissent le mouvement elliptique des planètes autour du soleil.

L'astronome Képler (1571-1630), a exposé en 1597, un modèle d'univers de type pythagoricien, constitué de polyèdre, où les planètes du système solaire sont représentées ainsi : mercure/octaèdre ; vénus/icosaèdre ; terre/sphère ; mars/ dodécaèdre ; jupiter/tétraèdre ; saturne/cube (les autres planètes n'étaient pas connues). La planète mars symbolise en astrologie la force virile, la guerre.
Je pense que cet objet avait plusieurs fonctions. L'une magique était censée conférer à son détenteur la force virile ou reproductrice (féminine). L'autre astronomique, était celle du Hüan-chi chinois. Elle consistait, entre autres, à localiser le pôle céleste avec les étoiles circumpolaires, et à la divination avec les anomalies célestes (comète, étoile filante, supernovæ, etc.) détectées dans la fenêtre de l'objet. Les boules devaient symboliser les étoiles circumpolaires et aussi l'ensemble des étoiles fixes prisonnières de la sphère limitant l'univers ; une notion encore présente chez Newton au XVIIIe siècle. La localisation des découvertes sur l’ancien territoire celtique, plutôt que romain en Méditerranée, laisse supposer la survivance d'une pratique celte à l'époque romaine, d'un objet qui pouvait être initialement dans une matière plus périssable, ou qui aurait été systématiquement détruit à l'époque de la christianisation, avant de resurgir dans une matière indestructible, le bronze, et de disparaître à nouveau, suite à de nouvelles persécutions des païens.

Carte établie par l’archéologue autrichien Michael Guggenberger
Répartition géographique de 116 dodécaèdres. En rouge, les sites de découverte et, en gris, les endroits où sont exposés ceux dont on ignore la provenance.

Les hypothèses sur l'usage du dodécaèdre sont les suivantes : (rapportées par Jacques Mandorla)
- Une arme : casse-tête, pommeau d’épée...
- Un jouet : dé, objet pour jeu d’adresse, bilboquet...
- Un instrument pour mesureur d'angle pour l’arpentage, appareil pour faire des calculs en astronomie, outil pour calibrer la fabrication de tubes de métal, gabarit de bijoutier,…
- Un objet de culte : porte-encens, amulette magique des druides, garniture de goupillon, instrument de divination astrologique…
- Un objet domestique : chandelier, porte-fleurs…
- Un objet servant à calculer la meilleure date pour semer le blé d’hiver en fonction de la position du soleil. Thèse publiée en 1996 par le chercheur néerlandais Sjra Wagemans.
- En 2014, Martin Hallett a montré qu'il a pu servir à tricoter des gants de laine.
Autres hypothèses5 :
- La physicienne Amelia Sparavigna, pense que les dodécaèdres étaient des télémètres.
- D’autres attribuent au dodécaèdre une signification culturelle gauloise.
- Schwarz y voit une sorte de « chef-d’œuvre » destiné à démontrer les capacités d’un artisan.
- etc.

Notes :
1 - Notamment l'article de Jacques Mandorla du 27/09/2016 : http://ranky.blogspirit.com/archive/2016/07/25/artefacts-mysterieux-2-3077246.html
2 - contrairement à ce que sous-entend l'article fr.wikipedia.org/wiki/Solide_de_Platon
3 - Platon, œuvres complètes, tome II, Timée, page 475-b, La Pléiade, Gallimard, 1950 réédition 2014

4 - Ce qui différencie ces trois types d’anneaux astronomiques, qui peuvent atteindre 20 cm de diamètre extérieur, est le rapport de leurs diamètres extérieur et intérieur. Ce rapport est égal à 5 pour le pî, 3 pour le houan, et 2 pour le yuan. Pour l’anneau-disque du Calenfrier, ce rapport est égal à 1,9.